Il y a beaucoup de choses à dire par rapport à ce budget ou devrais-je dire, beaucoup de choses que ce budget ne dit pas.

Il y a donc le budget et ses chiffres, parfois drôles pour le néophyte, comme le montant d’une voiture à 670€.

Il y a ensuite les intentions que ces chiffres ne laissent pas toujours transparaître.

Partons d’un exemple simple : 100.000€.
100.000€, un faible montant par rapport au budget global.

Je vous parle en fait de TBI (Tableaux Blancs Interactifs) pour les écoles. Oui, en politique tout est acronyme, il faut le temps pour s’y habituer.

100.000€ investis pour susciter la curiosité et l’intérêt des enfants en rendant les enseignements plus ludiques et stimulants.

Nos petits écoliers avaient déserté nos classes pendant le confinement pour y revenir à présent.

Y reviennent-ils tous ?

Malheureusement, non. Le coût du logement à Arlon est fort élevé, les parents plus jeunes préfèrent souvent les communes voisines moins chères.

Le travail lié au bien-être de la population de notre commune doit donc être poursuivi … surtout si nous voulons rester captif pour les jeunes ménages.

L’attractivité de notre commune passe inévitablement par du renouveau afin d’attirer les jeunes familles et aussi ne pas perdre les habitants les plus âgés.

Je vous parle donc ici, par tranche d’âge :

  • La construction d’une nouvelle crèche, rue de Sesselich. Un projet inscrit dans le premier PIC (je veux dire le plan d’investissement communal – encore un acronyme ?)
  • Au niveau scolaire, des projets qui visent une meilleure inclusion en se donnant les moyens d’accueillir les enfants à besoins spécifiques.
  • La mise en place d’une smart city et la connexion haut débit qu’il faut envisager pour les écoles.
  • La rénovation de la maison de maître de la rue des déportés afin de la transformer en maison des jeunes.
  • Le contact rapproché à garder avec l’ULG et les hautes écoles afin d’être à l’écoute de leurs besoins
  • L’extension de la résidence de la Knippchen, pour que nos anciens y soient au mieux.

Le bien-être de notre population, passe aussi par le dynamisme de notre commune.

  • Le dynamisme et la quiétude via une urbanisation nécessaire mais réfléchie et respectueuse de l’environnement :
    • Via la mise en place d’un SDC (schéma de développement communal) définissant la stratégie territoriale communale… et ainsi aider plus concrètement les futurs habitants de notre commune dans leurs projets.
    • Via le réaménageant de l’ancien magasin Blokker acheté récemment. La ville veut montrer l’exemple aux autres propriétaires de la Grand Rue. Et si nous imaginions un magasin mettant en avant les circuits courts au rez de chaussée et du logement à l’étage ?
    • Via la reconversion d’anciens bâtiments – ce qui est déjà programmé pour les toutes prochaines années.
    • Il faut aussi augmenter les zones de balades, les zones vertes, la mobilité douce via la contractualisation avec des auteurs de projets comme par exemple pour l’ancien site des moulins et la rue des thermes romains, en réalisant le chemin cyclo-piéton entre Sterpenich et l’école de Barnich-Sterpenich et comme nous venons juste de le voir par l’échevin de l’urbanisme et l’échevin de la mobilité, les nouveaux permis d’urbanisme intègrent à présent autant la préservation de la nature que la mobilité douce.
  • Le dynamisme, c’est évidemment aussi l’aide aux commerçants et indépendants
    • Via l’aide Creashop associée à celle de la ville
    • Via la mise en place de la gratuité des parkings certains jours de la semaine
    • Via ET plus particulièrement en cette période COVID, en complétant les aides régionales et fédérales via :
      • la suppressions de certaines taxes.
      • la suppression de certaines redevances.
      • et la réévaluation de la situation de manière régulière afin de faire perdurer ces exonérations durant tout le temps nécessaire.
    • Et c’est aussi « acheter local ».
  • L’attractivité de notre commune passe aussi par l’aide à la mobilité et donc la réduction de véhicules dans notre centre ville.
    • Via le plan communal de mobilité.
    • Via les négociations avec la SNCB, Idelux et la commune pour le P+R de Viville.
    • Via le soutien à d’autres alternatives.
  • Enfin, cela passe inévitablement par l’aide aux familles moins aisées
    • Grâce à la rénovation des bâtiments « Nos logis »
    • Grâce à la possibilité d’achat et rénovation de 24 appartements supplémentaires de l’OCASC à l’arrière du Galgenberg (2 millions d’euros)
    • Grâce à la rédaction de conventionéventuelles avec les Habitations Sud-Luxembourg pour la gestion des ces appartements.

Tout cela, doit aider à améliorer le bien-être de la population de notre commune.

Qu’ont à voir toutes ces questions et ces points avec le budget présenté aujourd’hui me direz-vous ?
Simplement que beaucoup de réponses et de financement s’y trouvent mais sous des intitulés qui ne laissent pas réellement transparaître la volonté et les intentions de la majorité.

Mais tout cela a évidemment un coût.

Si nous voulons aller de l’avant, comme tout bon citoyen, nous devons veiller à obtenir suffisamment de rentrées d’argent en lien avec nos ambitions.

Je ne parle pas ici de subsides ou autres fonds des communes bien évidemment, mais de 3 montants qui représentent à eux seuls une belle cartographie de la population arlonaise.  Je vous parle des additionnels au précompte immobilier, de l’IPP et de la rétrocession luxembourgeoise.

Le résultat des additionnels du précompte immobilier est en hausse. Non, l’index à lui seul ne justifie pas cette augmentation. Oui, nous avons un accroissement de population. Un accroissement que certains nostalgiques appellent la bétonisation, tandis que d’autres apprécient son bénéfice de +/- 650 000 euros.

Le résultat de l’impôt des personnes physique (IPP) représente 4 millions d’euros. Ce montant est +/- stable depuis 15 ans. Comme vous le savez, l’IPP n’est pas payé par le travailleur frontalier. Travailleurs qui représentent malgré tout +/- 60% de la population active.

Le taux d’imposition de l’IPP reste stable dans notre commune, ne l’est-il peut-être pas dans d’autres communes ? Quoi qu’il en soit, l’augmentation de la population arlonaise associée à l’indexation du montant de la rétrocession en provenance du Luxembourg augmente la part de gâteau pour Arlon à hauteur de 8,6 millions d’euros. Parce que oui, la redistribution du fonds Reynders-Borsus aux communes se base sur les revenus et l’IPP qu’auraient du payer les frontaliers. Nous gagnons donc cette années 1 million d’euros supplémentaire.

Nous approchons donc les 14 millions d’euros rien qu’avec le précompte immobilier, l’IPP des résidents et la rétrocession luxembourgeoise, soit +/- 30% du budget ordinaire !

Il faut savoir que,et nous ne pouvons à juste titre pas le voir dans un budget :

  • Certaines communes doivent créer un fond de réserve pour couvrir les taux d’intérêts négatifs. Arlon gère sa trésorerie de façon remarquable. Petit clin d’œil à Monsieur Thill qui nous écoute et que nous allons plus que probablement regretter.
  • La cotisation de responsabilisation pour couvrir 75% du déficit des caisses de pensions des statutaires. A Charleroi, cela va coûter 20 millions d’euros. Arlon avait pris les devants, … et a ainsi évité le pire.
  • Avec tout cela, évidemment que nous nous voulons positifs pour l’avenir.

En conclusion, je dirais que la crise actuelle nous rappelle une nouvelle fois qu’il est venu le temps de la collaboration et non plus de la confrontation… et attention que le diable se cache dans les détails.

C’est pour cette raison que nous attendons beaucoup de tous les conseillers pour être force de proposition pour, par exemple et pourquoi pas, … imaginer ensemble la reconversion du bâtiment Blokker, et aussi attendre de la liste Ecolo+ le plus grand soutien ou levier via son Ministre dans la création du P+R de Viville.


Vous l’aurez compris, le budget proposé est un subtil équilibre entre les dépenses extraordinaires, les entrées de plus en plus ordinaires, la continuité des projets passés, la mise en oeuvre de nouvelles opportunités mais aussi tout cela au sein d’un contexte économique vacillant. Lorsque l’on parle de 100.000€ et bien d’autres chiffres dans un budget, cela signifie beaucoup plus de choses que la rubrique en elle-même.

O. Waltzing – Chef de groupe MRMC